C'est en arrivant à Paris qu'elle rencontre Christophe Blain qui la fait rentrer à l'Atelier
des Vosges célèbre repère des grands noms de la bande dessinée d'aujourd'hui. Elle y croise
David B. et lui raconte ses histoires de famille d'ancetres émasculés d'oncles suicidés de
coups de fouet bref un certain quotidien de l'Iran contemporain. En entendant ces histoires
David B. lui demande ce qu'elle attend pour les raconter en bande dessinée... Dans ce premier
épisode Marjane retrace une partie de l'histoire de sa famille ainsi que ses dix premières
années jusqu'à la chute du régime du Shah et le début de la guerre avec l'Irak. On lève
beaucoup le poing dans cet album. On y apprend le matérialisme dialectique on y jette des
pierres. Pas vraiment pour de rire : on entend aussi les balles siffler on assiste aux
derniers jours des condamnés aux pressions physiques (im)modérées à l'exil et aux choix
dramatiques qui plongeront l'Iran dans la nuit obscurantiste. C'est un livre politique
dramatique qui a le mérite de parler sans détours d'une situation qui n'est le plus souvent
qu'esquissée - au travers d'un cinéma qui s'exporte mais se garde bien d'aborder ces questions
ou de médias occidentaux qui ne voient dans le Moyen-Orient qu'un ramassis de tribus incapables
de s'entendre. C'est aussi le premier album de bande dessinée iranien et un acte courageux par
lequel l'auteur s'interdit tout espoir de retourner un jour dans son pays.