N'arrose pas ton jardin. Dans une heure il a plu. Cet énoncé à la fois naturel et paradoxal
montre bien à quel point la description des temps verbaux relève souvent de la gageure: au
linguiste ici d'expliquer ce qui permet d'utiliser le passé composé pour exprimer un fait du
futur. Au linguiste aussi de démêler l'inextricable chaque forme verbale étant prise dans un
réseau de contraintes temporelles aspectuelles et contextuelles d'expliquer les différences
entre les systèmes des temps verbaux d'une langue à l'autre ou d'une même langue au cours de
son évolution. Cette complexité empirique a forcément des conséquences sur les choix
méthodologiques et théoriques à effectuer. Plus un fait de langue est riche et complexe plus
la nécessité de proposer et d'opposer les approches différentes s'impose. Un des objectifs de
ce volume est précisément de permettre la confrontation de plusieurs cadres théoriques et de
fournir l'occasion d'évaluer leur caractère opératoire sur un certain nombre de données
particulièrement récalcitrantes. Quelques-uns des plus grands spécialistes de la sémantique de
la temporalité relèvent dans ce recueil certains des défis lancés par la description des
temps verbaux de plusieurs langues européennes.