La correspondance qu'échangèrent Jean Paulhan et Paul Claudel commence significativement à la
mort de Jacques Rivière en 1925 au moment où Jean Paulhan succède à ce dernier à la direction
de la N.R.F. La polémique autour des dernières années de la vie de Jacques Rivière occupe
d'ailleurs une place importante dans les premiers propos des épistoliers. Cette correspondance
est aussi traversée de tensions cycliques qui lui donnent tout son sel: Claudel bascule dans
une franche hostilité à l'égard de la N.R.F. quand sa ligne éditoriale ne lui convient plus et
il le fait savoir vertement Paulhan s'efforce avec diplomatie de ramener vers sa revue le
prestigieux dramaturge tout en tentant de préserver l'ouverture d'esprit et l'apolitisme de la
N.R.F. Ces lettres reflètent aussi le bouillonnement intellectuel de l'entre-deux-guerres et de
l'après-guerre l'histoire de la N.R.F. s'y retrace en filigrane on y voit émerger un pan
nouveau de l'écriture claudélienne celui de l'oeuvre exégétique. L'apparat critique proposé
par Catherine Mayaux souligne l'extraordinaire créativité du Claudel de la maturité met en
lumière l'importance des liens parfois orageux du poète avec la N.R.F. et son Directeur -
figure étroitement liée à la sienne - et insiste plus largement sur ses relations avec les
milieux littéraires et diplomatiques de son époque.