Grace à une approche socio-historique et littéraire cette étude interdisciplinaire située à
l'intersection des champs littéraire et médical ouvre de nouvelles perspectives sur le
discours tenu par la médecine du 19e siècle à propos de la sexualité féminine éclairant ainsi
d'une lumière nouvelle le travail de deux auteurs majeurs de cette époque les frères Goncourt.
A travers une lecture foucaldienne de l'histoire de la sexualité et notamment de la sexualité
féminine en tant que produit de constructions discursives il a été possible d'étudier la
manière dont les Goncourt ont utilisé leurs connaissances médicales pour exprimer dans leurs
romans leur opinion sur la façon dont la société bourgeoise traite les problèmes d'«
anormalité » et de rapport à autrui dans la deuxième moitié du 19e siècle. Par l'élaboration
symptomatique de l'hystérie et de la névrose qui constitue la vie de leurs personnages féminins
ces auteurs conservateurs et misogynes semblent à première vue adhérer au discours de pouvoir
mis en place par la médecine moderne. Le résultat inattendu de l'étude approfondie de leurs
textes met cependant en avant un paradoxe goncourtien non abordé jusqu'à présent : celui d'une
fracture dans la représentation du discours médical logée au coeur même de leur écriture
artiste faisant ainsi de ce style l'outil de leur dissidence.