Cet ouvrage propose une étude de la pensée du jeune Heidegger au prisme de sa philosophie de la
religion reconstituée pour l'occasion dans ses rapports aux philosophies dominantes de son
époque d'une part et à l'histoire de la théologie et de l'exégèse d'autre part. Pour ce faire
il prend pour fil directeur le célèbre cours Introduction à la phénoménologie de la religion
prononcé au semestre d'hiver 1920 1921 à l'Université de Freiburg dont l'édition officielle
est ici amendée en de multiples endroits. Une première partie s'attache à démontrer
l'antériorité et l'excès de la vie sur toute théorie en interrogeant successivement la
redéfinition de l'acte de penser en tant qu'expérience sui generis l'explication ambivalente
de Heidegger avec Ernst Troeltsch interlocuteur jadis incontournable sur le terrain de la
philosophe de la religion la quête d'une notion d'historicité plus fondamentale et plus
radicale que celle en usage au sein de la philosophie de l'histoire et de la science historique
et la problématisation d'un outil méthodique énigmatique l'indication formelle en discussion
serrée avec la doctrine de Husserl. La seconde partie suit Heidegger pas à pas dans son
explication phénoménologico-herméneutique de passages choisis des Epîtres de saint Paul son
interprétation de la grande Tradition chrétienne et son dialogue crypté avec les représentants
majeurs de la théologie néo-testamentaire et de l histoire des dogmes et des religions dans
l'Allemagne de la seconde moitié du xix e et du début du xx e siècle. L'ensemble se présente
comme un commentaire critique tout à la fois historique et systématique du cours précité et
veut servir de prolégomènes non seulement à une approche originale du corpus heideggérien
mais encore à une philosophie de la religion régénérée dans la dialectique originaire entre le
phénomène du vécu et le phénomène scripturaire.