La théorie culturelle et esthétique postcoloniale fixe les difficultés du continent africain
dans une stylistique de l'horreur et une anthropologie de l'échec et de l'impuissance
culturelle. Elle produit une lecture minoritaire marginale et hybride des productions
artistiques africaines découvrant ainsi leur caractère indéterminé et interstitiel. Le
postcolonialisme appréhende la création culturelle africaine sur le mode de l'enchevêtrement et
selon la loi de la circulation des mondes imposée par le capitalisme transnational. Il sort dès
lors de la problématique de la libération nationale s'interdisant de fait toute pensée
véritable de l'émancipation. Cette pensée permettrait de déceler dans le désordre culturel
postcolonial le signe d'une décolonisation inaboutie - et donc l'occasion d'une décolonisation
à parfaire. Le concept de décolonisation révolutionnaire permet de remettre de l'ordre dans le
chaos culturel postcolonial par la lutte à l'échelle du continent contre le système mondial de
domination qui étouffe les arts et les cultures d'Afrique. Cette lutte pour l'égalité suppose
la rupture avec l'Empire et la reconnexion avec soi-même. Elle remet les peuples africains en
mouvement et constitue l'Afrique en centre autonome de décision de création de puissance de
civilisation et de culture.