C'est l'ouvrage d'un des très proches collaborateurs du Conseiller fédéral Jean-Pascal
Delamuraz (JPD) son conseiller personnel pendant toute la durée de son mandat ministériel à
Berne. Cette proximité et des archives personnelles lui permettent de cerner le personnage et
plus de dix ans après son décès de bénéficier d'un bon recul pour embrasser non seulement
l'itinéraire la carrière et l'oeuvre de cet acteur suisse de la scène européenne mais encore
un environnement institutionnel complexe et des perspectives incertaines en vue. Il le fait à
la lumière d'une actualité européenne très mouvante. Non dénué d'humour c'est un témoignage
vivant et critique ainsi qu'une tentative d'essai sous la forme d'un tableau riche
d'observations sur les conditions historiques diplomatiques politiques et personnelles dans
lesquelles JPD a oeuvré en faveur de la cause européenne ses propos ses rencontres et ses
confidences ses réussites ses désillusions et son « dimanche noir » de décembre 1992. Entre
l'histoire qui devrait « rappeler ce que vous devez être 'et' nous ne connaissons rien qui
n'évolue pas » JPD avait fait son choix en visionnaire et homme d'action. D'où sa volonté
tenace et parfois impatiente pour tenter d'obtenir de Bruxelles un arrangement sur mesure pour
son pays. Du même coup il aspirait à faire bénéficier l'Europe en devenir d'un vénérable
patrimoine institutionnel et politique « l'acquis helvétique ». Sans se départir d'une franche
admiration parfois sous-jacente parfois ouverte pour la manière d'être et de faire de « son »
ministre Daniel Margot n'occulte pas ce qui faisait sa vulnérabilité non plus que son
tempérament impétueux et un inaltérable besoin d'amitié de connaissance et d'humour. Des
circonstances récentes l'amènent enfin à saluer le premier magistrat suisse à avoir dénoncé les
dangers d'une économie privée trop à son compte dans l'ultra libéralisme ambiant. Émouvant ou
léger drôle ou tragique allusif ou explicite rétrospectif et prospectif à l'usage externe
autant qu'interne cet ouvrage de mémoire ne débouche pas sur le constat évident d'une entrée
de JPD dans l'Histoire il pose cependant la question de son influence historique. Portrait
attachant mais pas apologétique il n'est pas le genre de peinture qu'on oublie sur la
cheminée.