Les différences qui émergent des quêtes identitaires contemporaines accentuent dans un
mouvement antagoniste de repli corporatiste et de reconnaissance de la pluralité du social le
sentiment que l'identité moderne se fragmente en une constellation de possibles. L'identité
sourde fait partie de cette constellation. Elle découle de conceptions qui dépassent le simple
intérêt catégoriel pour faire jaillir une communauté de sens. Ainsi pour plusieurs personnes
se reconnaissant dans cette identité la condition qui les unit est d'abord articulée à partir
d'un attachement collectif à une culture spécifique et surtout à une langue qui leur est
propre. Bien sûr ce déplacement du stigmate ne s'effectue pas dans l'oubli des dénominations
et des traitements antérieurs concernant la surdité et doit composer avec la sédimentation des
représentations sociales ayant investi la surdité comme caractéristique identitaire. Les Sourds
interrogent définitivement les nouvelles formes du lien social mettant en scène des
spécificités qui s'expriment comme différences émancipatrices. Un ouvrage de référence en la
matière est le bienvenu à une époque où plusieurs penseurs mais aussi acteurs du monde de
l'éducation et de la réadaptation s'interrogent sur cette différence mais aussi sur la
différence en général comme vecteur d'identification.