L'éthique de la responsabilité de Hans Jonas conçue à la fin des années 70 se donnait la tâche
de faire face aux défis et dangers du progrès technoscientifique et de la crise écologique.
Trois décennies après il sied de se demander si elle est toujours à la hauteur de cette
ambition. En effet les thèmes majeurs de cette théorie éthique - la métaphysique comme
fondement de l'éthique l'heuristique de la peur comme voie d'approche et la téléologie comme
manière de reconnaître et de fonder la valeur au sein de la nature - peuvent-ils encore parler
au monde d'aujourd'hui tant les défis sont omniprésents et imposants ? Comment peut-on
s'opposer à l'utopie de Karl Marx relayée par Ernst Bloch quand la crise financière semble
prouver qu'il faut probablement attendre et espérer des lendemains meilleurs pour enfin bien
vivre ? Penser aux générations futures garde-t-il encore son sens quand l'aujourd'hui devient
de plus en plus précaire et incertain ? Comment vouloir dépasser l'impératif catégorique
kantien quand on se rend compte que pouvoir obligation et devoir deviennent plus que jamais
des acquis d'une liberté humaine qui veut fondamentalement se développer de manière réflexive
et intersubjective dans un environnement social libre et démocratique ? En des termes plus
simples : Hans Jonas et son impératif de la responsabilité sont-ils encore actuels ? C'est à
ces inquiétudes que cette recherche tente de donner une réponse.